Bye bye Mozambique

Publié le par Pascal

Aujourd'hui je pars en Tanzanie, trois jours de voyage a partir de Ibo pour rejoindre Mtwara. 

Apres avoir passe le premier jour assis a s'en peter les fesses a vingt, pendant 8 heures, a l'arriere d'une camionnette genre Colt Severs, je me prepare ce matin pour le troncon le plus facile , enfin......dans les bouquins. Voyons tout cela heure par heure.....

13 FEVRIER 2007

 5H00 - Depart de Pemba . La pluie battante serait elle un mauvais presage en ce jour meme de mon anniversaire? Je me demande bien , d'ailleurs, ou et avec qui je soufflerai mes bougies ce soir. Suspense.... la porsche des autocars arrive sur le trottoir. Il appartient a la compagnie Mecula. La veille je m'etais rendu au siege de la societe pour acheter le billet en prevente. Malheureusement le bus en question etait en reparation, curieux non? Enfin ce matin il est bien present devant moi, carcasse rouillee et brisee dans tous les sens. Pas un centimetre de pare brise ni de tole ne semble avoir ete epargne par les outrages du temps. Cela nous consolerait presque de voir que nous ne sommes pas les seuls a gouter au viellissement sur cette planete: meme les engins les plus robustes se defont. Avec le temps va , tout s'en va.... Nous demarrons.

5H30 - De la fumee blanche penetre subitement cote conducteur, on pourrait se croire dans un discotheque si le teuf teuf du moteur au bord de l'epuisement ne nous replongeait pas dans la realite. Tout le monde descend! Je refuse de payer le prix du billet avant de redemarrer car je sens bien le coup foireux arriver. La megere "cobradora" celle qui recueille l'argent dans le bus m'accordera cette faveur, mais pas aux autres passagers qui ont visiblement peur de reagir a l'agressivite de cette peste qui veut bien evidemment faire payer tout le monde maintenant, au cas ou il y aurait des fugitifs.

7H30 - L'equipe mecanique arrive a la rescousse. Diagnostic: radiateur a changer. Patiemment nous observons les mecanos remonter un radiateur qui ressemble etrangement a celui que l'on retire.



9h30 - Ouf nous repartons. Le paysage defile et je m'atele a ecrire quelques notes sur mon carnet. Je m'incline devant la cobradora qui revient a la charge comme un pitbull de sauvageons.

10H00 - Arrete quelques minutes par la police qui fait un barrage, nous remontons tous a bord heureux de pouvoir enfin continuer ou presque commencer le voyage. Sauf que..... le conducteur n'arrive pas a passer la premiere. Verdict apres verification: fuite dans le reservoir d'embrayage! Vu l'air depite du  conducteur nous n'allons pas repartir de sitot. Ce qui est drole maintenant c'est que je suis dans la meme situation que tout le monde maintenant car j'ai paye la perceptrice. Comme bien en entendu elle ne veut rien savoir car "ne vous inquietez pas il va repartir", impossible d'etre rembourses de nos billets. Comme mes meticais sont limites car je vais passer la frontiere demain, je ne peux pas me permettre de sauter dans le bus  suivant. Je suis egalement, quelque part, curieux de voir jusqu'ou va nous amener cette situation ubuesque. L'attente est longue, penible. Les gens s'allongent, resignes s'endorment et ne semblent pas plus soucieux que cela , sauf quelques uns. Les minutes s'egrennent, les enfants crient. Apres avoir pendant deux heures frole la zenitude et imite mes congeneres, une pulsion revolutionnaire m'etreins d'etriper la cobradora. On n'efface pas comme cela trente ans d'education gueularde a la francaise tout de meme! Je m'epoumone contre elle , mais elle reste de marbre en me disant "et alors que vas tu faire?". Et effectivement elle avait raison, je ne pouvais m'en prendre qu'a moi meme car je l'avait paye en connaissance de cause. D'ailleurs en discutant un peu autour de moi, on me dit que cette compagnie a deja cette reputation de faire payer d'abord, car jamais sure d'arriver a bon port. D'autre part elle appartient a un gros general a la retraite, donc personne ne dit rien. Ah, Corruption, Corruption quand tu nous tiens! Finalement les mecanos reviennent a la rescousse comme dans le mythe de Sisyphe.



14H00 - Dans un cri de soulagement general, la reparation est terminee mais il nous reste encore 7 heures de voyage parmi les huit prevues initialement! La lenteur du pachyderme est consternante et laisse le temps a certains passagers de s'en mettre une petite au passage. Il faudra a l'arrivee a Mocimboa da Praia ( la destination du jour), toute la legerete du danseur que je suis pour passer par dessus un corps jonchant le sol, premiere victime alcoolisee du voyage.

21h00 - Nous arrivons enfin en pleine nuit noire a destination. Je me suis trouve un compagnon d'infortune en la personne d'un indien de 50 ans,  businessman a la recherche d'or, au prenom imprononcable et au visage copie certifiee conforme de Iqbal le pere de Rizwan (un de mes meilleurs  amis pour ceux qui ne suivent pas!). Je me dis que quand meme c'est mon anniversaire et qu'on va se souffler une petite biere a defaut de souffler des bougies. A peine arrives dans notre hotel minable, nous repartons illico presto a la recherche du precieux nectar. Nous tentons par la meme occasion de nous renseigner sur le depart des chiapas pour Mtwara demain. De fil en aiguille, sans trop savoir comment, nous tombons sur un officier de l'immigration qui se prelasse  a la terrasse d'un bar. amicalement il nous conseille de lui montrer nos passeports pour etre sur que nous n'ayons pas de problemes a la frontiere le lendemain. Quelle generosite dis donc.... et quel zele! Mon ami indien passe sans problemes l'examen. Par contre mon cas semble poser probleme. Calmement, l'officier m'annonce que je suis illegal et que je dois payer la somme de 1000 meticais par jour d'infraction (30 euros), ce qui nous amene a 800 euros d'amende. Il soutient que j'aurais du chaque mois aller faire tamponner mon passeport aux autorites, et que mon visa de trois mois n'etais pas valable. J'essaie de savoir exactement qui est cet homme , et ce qu'il me veut vraiment. Je lui dis que tout cela m'a l'air bien etrange et que je verrai cela directement a la frontiere demain. Il prend alors un air severe et m'annonce qu'il n'est pas du tout question de cela, que maintenant je suis un illegal et que je suis sous son autorite. Si je ne veux pas m'y soumettre il me propose d'etre pris en charge amicalement par la police qui m'escortera demain back to Pemba. Une sueur froide m'etreint alors melee aux musiques de Manu Chao "clandestino illegal" et de la B.O. de Midnight Express. Je me sens comme plonge dans la peau d'un sans papier Malien a Paris interpelle par un des sbires de notre ami Sarkosy. Je vous jure que cela fait bizarre! Je me dis que quand meme cette journee est decidement bien longue et que comme cadeau d'anniversaire on a connu mieux! Impenetrable, l'officier appelle son superieur qui arrive quelques minutes plus tard les yeux enfarines. Il s'assoit sur un tabouret  a cote des toilettes et tranquillement analyse la situation, J'essaie egalement d'imaginer a quelle sauce je vais etre manger. Tout est possible a cet instant precis et le voyage peut basculer dans un sens comme dans l'autre. ..... Au bout de quelques minutes il appelle son toutou d'officier et lui explique que mon visa acquis en France a une valeur superieure a ses accusations. Il faudra encore de longs instants pour que le toutou arrete de vociferer et se rende a l'evidence de son erreur. Ouf! Vous ne pouvez pas imaginer la jouissance de cet instant, le regard victiorieux et la fois dedaigneux que je lance a l'officier. Je comprends maintenant a qui j'avais a faire: l'archetype meme tu petit chef, detenteur d'un pouvoir et qui est pret a vous en faire baver jusqu'au bout.

23H30 - Nous rentrons a l'hotel avec mon ami, avec le ventre vide et le coeur rempli d'adrenaline. Apres l'episode immigation nous avons du encore soutirer douloureusement,a une population hautement alcoolisee des informations sur le voyage de demain.

JOYEUX ANNIVERSAIRE!

 

14 FEVRIER 2007

4H30 - Passablement ereintes par le journee precedente, nous attendons une chiapa qui doit partir jusqu'a la frontiere. Malheureusement, mauvaise information de notre chef d'hotel la veille, elles sont toutes deja parties! Finalement nous reussissont in extremis a etre pris en charge par une camionette de marchandises. Meme topo, 5 heures de voyage a rebondir comme des autos tamponneuses sur la route.


 


11h00 - Une fois passe la douane mozambicaine, nous descendons de voiture pour rejoindre les embarcations qui nous permettront de traverser le fleuve Rovuma. Que va t-il encore nous arriver? Pas meme le temps de penser, nos bagages sont transbahutes sur le seul bateau a moteur et les autres passagers s'agitent en nous disant de nous presser. Le prix que nous donne un congolais qui comme par magie se trouve dans les parages, tombe des nuages, est exorbitant. Il faut s'imaginer la situation: vous etes seul au milieu de nulle part, sur la rive des pickpockets, sur le bateau des escrocs, et en avamont une riviere dont la saison des pluies a fait decupler le lit. Vous voyez au loin l'eau qui defile a toute allure. Dans ces moments la il est difficile de negocier. Tant bien que mal nous diminuons le prix de moitie et sautons dans l'embarcation. Le prix reste absurdement eleve pour le niveau de vie locale. J'ai beau user toutes les strategies, la police, la morale et je ne sais quoi encore, ce congolais a bien raison une fois de plus : c'est bien de ma faute, nous sommes montes sur le bateau donc nous devons payer le prix convenu. Apres une traversee houleuse nous debarquons. Bon perdant je lui serre la main sans oublier neamoins de lui rappeller que Dieu jugera les siens et que grace a lui j'ai connu une grande experience a laquelle on me reprendra plus!

 14HOO - Une fois la douane tanzanienne passee nous revoila dans une camionette, direction Mtwara dont le nom resonne dans nos tetes comme la terre promise tant nous sommes deshydrates, harasses, affames et poisseux. Nous revons de ce pays ou coulent le lait et le miel, ainsi qu'au moment ou nous pourrons nous assoupir dans une heure, une heure seulement! La route est toujours aussi mauvaise et de temps en temps une chevre tombe du toit presqu'en s'etranglant devant moi, tenue par la corde attachee au barreaux superieurs. Nous nous grisons de la gentillesse des tanzaniens puis....puis....le moteur s'arrete. Le conducteur laisse tomber de desespoir sa tete sur le volant et nous avoue ne pas avoir mis assez de fuel! Resignes et maintenant habitues aux surprises du voyage a l'africaine nous sortons docilement du vehicule en attendant le bidon de diesel qu'est parti chercher un passager. J'en profite pour me familiariser avec le Swahili, la langue de cette region. J'apprends par la meme occasion a  jeter des pierres contre un manguier geant afin de rassasier un peu ma detresse d'estomac!

 



18H00 - Quatre heures plus tard le precieux liquide est dans la machine. Nous sommes liquefies. Le conducteur lui meme irrite par le desagrement dont il est responsable, accelere un peu trop...... et trente secondes plus tard montre en main et 80 metres plus loin , nous nous retrouvons dans le ravin! Compulsivement je sors une fois de plus de la voiture et suis pris d'une crise de fou rire interminable a cause de l'enchainement de ces petites cocasseries. Mes belles Ray Ban en ont fait les frais d'ailleurs car elles ont gicle dans la savane tellement je me suis poile ! Adieu belles lunettes! Tres rapidement nous sortons tout de meme de la boue et arrivons a bon port ........ a 19h00. Qui a dit qu'une journee durait reellement 24 heures?

 

 Il est impossible apres ce recit de ne pas penser a toutes ces heures perdues par chaque voyageur. Combien d'heures de travail, d'heures d'education, d'heures de plaisir avec les siens sont perdues chaque jour sur tout le continent , et simplement a cause d'une malveillance pimaire?

Tout cela ne me fait pas oublier que je viens de quitter le Mozambique ce pays magnique aux habitants si doux. Ils me manquent deja ces cris aigus ( que les locaux font quand il veulent insister sur la difficulte d'une tache) et ces tapes dans les mains a chaque blague assenee... mais la Tanzanie est sous mes pieds alors...

Affaire a suivre....

(CF.PHOTOS MOZAMBIQUE BYE BYE)

 

 

 

Publié dans La route

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M
Cette année, vous vous rappellerez de votre anniversaire. ça change des bougies soufflées sur un gâteau plein de crème! C'est une nouvelle expérience.<br /> Toujours aussi captivant de vous lire.C'est vrai que vu d'ici c'est trés drôle ce qui vous arrive, heureusement que tout se termine bien et c'est vraiment digne d'un scénario de film et ce n'est pas fini. C'est vrai qu'on ne quitte jamais un pays sans une certaine nostalgie du pays même, des gens que l'on a rencontré et des moments qu'on a passés. Mais vous avancez et d'autres aventures vous attendent.<br /> (Vous gardez votre humour, vous êtes sauvé...)<br /> Bienvenue en Tanzanie<br /> Michelle
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V
Bonjour Pascal,<br /> Ouh j'ai deux wagons de retard dans tes lectures...Toujours très intéressant et je suis très contente pour toi de tout ce que tu vis mais à vrai dire, l'épisode de la circoncision ne me plaît pas du tout, je n'aurais jamais pu rester, parler avec ces gens mais on voit bien là mes limites de tolérance et ce pourquoi je n'entreprends pas un tel voyage....ce sont là mes gros défauts, je m'insurge et ferme toutes les portes face à de telles pratiques que je n'arrive pas à comprendre même si je sais que c'est parce qu'ils ont une culture différente de la mienne....la souffrance au nom de quoi, je n'ai jamais compris et je crois que je mourrais sûrement bête à mon grand regret...<br /> Bises<br /> Val.
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S
A te lire je comprends mieux pourquoi tu étais injoignable le 13 février ! Que d'aventures hilarentes, vues d'ici ?.<br /> bises - Tua mana Sylvia
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C
Sacré Toctoc! Que d'aventures!! Des fois je me demande si tout cela n'arrive pas parce que c'est toi!!  En tout cas, ton récit me fait bien rire même si parfois ces situations donnent un peu froid dans le dos...<br /> Take care...<br /> Céline.
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