By bye Tanzanie

Publié le par Pascal



Le soleil se leve sur Kigoma. La ville, encaissee dans une petite vallee respire la fraicheur matinale. Au loin j'apercois les eaux bleues du Lac Tanganyika. Jamais de ma vie je n'aurais pense passer par ce lieu au nom evoquant a l'occidental moyen, rien de plus qu' un endroit tropical perdu au milieu de l'Afrique. En lisant un peu l'histoire de la region c'est tout un imaginaire enfoui dans les limbes de mon cortex qui ressurgit. C'est en effet sur les rives de ce lac et plus precisement a Ujijii a huit kilometres d'ici, que le journaliste Stanley a retrouve au bout de plusieurs mois dans la jungle, l'explorateur Livingstone dont la couronne britannique etait restee sans nouvelles depuis quelques annees. C'est bien ici qu'a ete prononcee la fameuse phrase du reporter croisant par hasard un homme blanc dans un champs :  " Dr Livingstone I presume?". A observer la douceur des lieux j'imagine bien pourquoi Livingstone ne donnait plus de nouvelles et pourquoi il s'etait volontairement volatilise. Si je reste silencieux pendant trop longtemps venez me chercher a votre tour par ici! Le lac est tres large et seul le relief lointain des montagnes du Congo de l'autre cote, nous permet de ne pas y voir une mer. Le bleu des eaux, le vert explosif des collines et l'orange ocre des terres argileuses se marient a merveille.

 

Le centre ville est tres petit, domine par la gare construite par les colons allemands. Bizarrement les gens paraissent bien reserves par ici et peu locaces. Le charme du petit blanc exotique de passage n'a plus l'air de faire son effet. J'avais deja remarque cela dans le train. Il faut dire que nous sommes vraiment dans une des regions les plus reculees et delaissees du pays, donc la lumiere de l'education n'a pas l'air d'avoir penetre le coeur des hommes. De plus il ne faut oublier que c'est une region qui a accueilli des millions de refugies lors des differents genocides burundais et rwandais, donc forcement cela plombe un peu l'ambiance. Il en reste d'ailleurs encore beaucoup dans les campagnes environnantes ce qui rend la region un peu dangereuse. Des que l'on sort de la ville la protection militaire est  recquise. Les seuls blancs que l'on croise par ici travaillent dans les ONG basees dans le secteur et les gens ont du mal a croire que je suis juste un touriste. Les relations sont donc particulierement interessees et je dois recommencer a lutter pour expliquer gentiment aux gens que je ne peux pas les aider et que je ne peux pas les amener avec moi a Paris juste parce que j'ai discute cinq minutes avec eux!

 


 

J'abandonne l'idee d'aller aux parcs nationaux Gombe et Mahale Mountains car absurdement  cher pour l'un et distant pour l'autre. La difficulte relationnelle avec la population m'incite a vite rebondir et a faire au plus vite mon visa pour le Burundi. Je fais ainsi connaissance avec Celine la comptable burundaise du consulat. Elle me propose gentiment de me montrer le coucher de soleil sur le lac a partir des hauteurs de la ville. Je suis touche par cette offre bien plus que par le spectacle neanmoins grandiose de l'extinction des feux sur le Tanganyika et les fumeuses collines zairoises. Le moment est simple, denue de considerations monetaires ou sensuelles. Difficile de decrire la paisible sensation de recevoir un don reel et de se sentir ainsi profondement aime et respecte.... Merci Celine!

 

Mon premier contact avec le Burundi est plutot prometteur, je me hate donc des le lendemain, a rejoindre ce pays. De bus en taxis et de taxis en velo me voila a la frontiere. Apres une petite frayeur parce que je pensais avoir perdu mon attestation de vaccination contre la fievre jaune, j'entends mon dernier "karibu tena" (bienvenu encore) de la bouche d'un douanier tanzanien souriant.

 


 

De l'autre cote de la frontiere l'accueil est tout aussi agreable et en francais messieurs, car le Burundi est une ancienne colonie belge. C'est vraiment tres drole de se retrouver subitement a parler francais au milieu de nulle part. Apres une bataille entre deux conducteurs de taxis qui en viennent aux mains alors que le taxi roule porte ouverte, nous arrivons a Mabanda le premier village apres la frontiere. Tous les yeux se tournent simultanement sur moi: les blancs sont excessivement rares par ici. La vision de me voir debarquer avec  ma hutte et ma guitare sur le dos doit leur etre un peu extra-ordinaire dans le sens plein du terme. Mais ici point d'agression, d'agglutinations dangereuses, la politesse est reine et inattendue. Chacun s'efforce de me lancer timidement un "bonjour" et je ressens leur desir gene de me connaitre. Selecias un jeune professeur de physique m'indique un boui boui pour manger. Intrigue par tant d'egards je decide de passer la nuit ici histoire d 'en savoir un peu plus. Je reussi a trouver une maison faisant figure de guest house grace a Selecias qui devra neanmoins justifier ma presence dans la ville a la police et aux autorites locales. Tout semble bien hierarchise par ici, ce qui participe a me rassurer du reste.

 


 

Le village est vraiment pauvre et sa seule richesse reside dans le fait qu'il est sur le passage de la route Tanzanie-Bujumbura. Beaucoup d'enfants sont en gueunilles, le crane rase. Apres un tour rapide des lieux nous nous arretons a la terrasse d'un des cafes centraux. Les discussions s'engagent avec les differents habitants. Je serre la main d'un certain Bob un etudiant journaliste qui s'empresse de me montrer son desir de jouer de la guitare. Je satisfait a ses envies et le voila donc a chanter joyeusement quatre ou cinq chansons de Bob Marley devant l'assemblee. Je prends a mon tour l'instrument et leur interprete de maniere energique le standard de jazz "all of me". Le public semble conquis par le rythme percussif du swing et les cris et applaudissements attirent dangereusement tous les curieux de passage. L'intensite du moment est forte mais ephemere car la foule disparait aussi rapidement qu'elle s'etait cree. Il faut croire que l'exteriorisation des sentiments est plutot rare ici. Bien plus que cela c'est surtout que tout attroupement attire voleurs et police, donc les gens evitent ce genre de confusions. Je reglisse dare dare ma guitare dans son fourreau. Mes doigts sont maintenant libres pour deguster une bonne brochette de boeuf grillee au barbecue sans preter attention aux mouches qui gravitent sur les morceaux de viande fraiche etales sur la table. Au fur et a mesure que le soleil decroit l'ambiance de la rue change et les regards amicaux se transforment en regards repprobateurs et jaloux. On tourne la tete et l'on voit les militaires et la police investir la ville peu a peu. C'est exactement l'heure ou l'on se dit qu'il faut rentrer. Je quitte Selecias mon ange gardien et m'enferme a double tour dans ma modeste chambre de la guest house restee absolument vide. Heureusement le sommeil me happe rapidement et empeche mon esprit d'atteindre des spheres paranoiaques trop elevees.

 


 

Je suis reveille au petit matin par la pluie battante: c'est la vie qui reprend son cours. La rue devient a nouveau accueillante.  Je pars pour la capitale Bujumbura.

Affaire a suivre...

Publié dans La route

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C
Ta soeur m'a oté les mots de la bouche! Ce n'est pas Tarzan mais bien JC que l'on reconnait sur cette photo!! Heureuse de voir que ta route se poursuit sans ombrage... Et c'est vrai c'est bien toi le plus fort!Sacré TocToc! <br /> Moi, je suis la tête dans les cartons... Plus que qq jours ici, je ne pourrais bientot plus te suivre faute d'accès au net... Mais tu sais que le coeur y est,<br /> Take Care,<br /> Céline.
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S
Et le Congo au loin....c'est avec impatience que Tia Celeste t' attend , m'a t-elle écrit dans un mail jeudi. Tu es allé à la rencontre de Tio Valentim au Brésil et bientôt Tia Celeste au Congo, de nous trois tu es le plus fort. Aller vers l'inconnu...<br /> Attention avec ton look de Jesus peut être qu'ils voudront te garder les combonianos .<br /> Beijinhos- Sylvia <br />  
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C
salut, Pascal, tu passeras le bonjour à Céline.<br /> Très bien tes textes. A tres bientot
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J
salut Pascal<br /> je continue à te lire de temps en temps, ça me fait très plaisir<br /> tu peux voir une partie de mes photos sur l'album suivant: http://picasaweb.google.fr/Jean.Chamel<br /> certaines devraient te rappeler des souvenirs...<br />  
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